samedi 27 août 2016

Billet d'humeur... Droit de réponse



Mon billet d’humeur sur le burkini a provoqué de très nombreuses réactions.

J’ai souhaité faire une compilation des commentaires les plus fréquents et m’offrir un droit de réponse.

Pour commencer faisons un point sur l’origine des commentaires.
Cet article ne portait pas tant sur pour ou contre le « maillot océanique » mais sur le port du voile intégral en général, la progression d’une forme d’Islam et de l’ambiance qui en découle pour les femmes de manière globale et en France en particulier.
Si beaucoup de femmes défendent le port du burkini comme étant une liberté je regrette de ne pas avoir eu de retour des principales intéressées. J’ai même proposé à des femmes voilées de s’exprimer librement sur leurs motivations (proposition qui tient toujours) mais c’est resté lettre morte.
De manière large, celles qui s’insurgent sur une éventuelle réglementation sont des femmes non voilées et surtout non musulmanes !!!
Les femmes musulmanes qui ont posté un témoignage assimilent le maillot à la burqa (même si le visage est découvert) et y voient une régression. Dans ces femmes certaines sont pourtant pratiquantes et se voilent les cheveux tout en portant une tenue occidentale.

Du côté des hommes c’est l’inverse et on retrouve plus de musulmans pour nous parler de cette fameuse pudeur. Ces mêmes hommes qui se ne gênent pas pour venir me proposer la botte en privé par messagerie…

Je vous livre les principaux « arguments » trouvés et y répondrai par la suite.

-          Islamophobe
-          Tout ça pour un bout de tissu
-          Occidentale écervelée
-          La presse internationale nous raille
-          Le droit de s’habiller comme on le souhaite
-          La liberté de culte et de conscience
-          Le danger d’interdire

On retrouve également des mots brandis comme des étendards : stigmatisation, amalgame, victimisation, liberticide, laïcité, propagande, féminisme…

Si j’exprimais un simple ressenti et un constat personnel dans mon billet je vais donc tenter ici de creuser un peu plus.
Pour autant je n’ai pas la prétention d’être historienne, géopolitologue ou sociologue et ces quelques lignes ne sont que le résultat de mes observations, recherches et cogitations.

                Islamophobe
Pour commencer il serait bon de trouver un autre mot car je n’ai rien contre l’Islam.
Traitez-moi de wahhabitophobe, salafistophobe ou sectophobe si vous voulez mais arrêtez de mélanger les serpillères et les serviettes en mettant tous les musulmans (voire les « arabes ») dans la même barque ! Pour le coup c’est vous qui êtes sacrément réducteurs et faites des amalgames.
Non, je ne mélange pas les millions de pratiquants d’une religion avec les partisans d’un mouvement sectaire et prosélyte. Je dénigre de la même façon les témoins de Jéhovah, les scientologues et tous les gourous en chasse de proies faciles. Je vous invite à vous pencher sur le dogme et les pratiques de ces fanatiques « salaf » et vous comprendrez (peut-être) pourquoi je tiens tant à marquer une différence.

Je vous laisse un exemple simple à comprendre. L’horreur du nazisme ne m’a pas rendue germanophobe.

Tout ça pour un bout de tissu
Un bout de tissu n’en n’est plus un lorsqu’il est un symbole et est le véhicule d’une idéologie.
Si le burkini était une tradition musulmane ou culturelle je pense qu’on en aurait vu avant les années 2000. Je trouve d’ailleurs le mot mal choisi puisqu’il dévoile le visage. Tchadorkini serait plus approprié à mon sens mais c’est p’tet moins marketing !

Dans les faits, c’est effectivement un bout de tissu comme une chemise brune est un morceau d’étoffe. Aucune loi ne vous interdit de porter une chemise brune mais l’uniforme SS oui ! Personne ne vous empêche de brandir un drapeau mais le drapeau nazi si ! Pourtant ce sont de simples bouts de tissu mais tout le monde identifie immédiatement l’idéologie véhiculée. La loi interdit et condamne même si ce n’est que l’expression d’une liberté de conscience et un simple vêtement. Il y a donc une limite à cette fameuse liberté de conscience (et heureusement).
Le problème est peut-être un manque d’informations quant au message laissé par une « simple » tenue de bain ou un « simple» tchador…

Bref, l’argument du déguisement de bain est d’avoir une vertu libératrice pour les femmes et de leur offrir un accès à la plage ou la piscine. En suivant cette logique un otage qui a un bout de cour pour prendre l’air est traité humainement. Ne condamnons plus ceux qui séquestrent mais laissons des plages horaires « yeux fermés » pour qu’ils puissent aérer leurs victimes… C’est plus humain, non ?

Occidentale écervelée
J’avoue que cette remarque me plait particulièrement !
Tout d’abord car « écervelée », comme « nunuche », sont des adjectifs particulièrement sexués que l’on croise 9 fois sur 10 pour qualifier des femmes.
Ensuite parce que la réflexion est faite… par des occidentaux !
Des occidentaux faisant en grande majorité de csp supérieures et ne vivant pas dans des zones fortement radicalisées, donc ne comprenant pas le quotidien de ceux qui y sont confrontés.

Je suis comme vous occidentale mais pas plus écervelée que vous. Simplement nous n’habitons pas les mêmes quartiers et n’avons donc pas la même perception de ce qui se passe.  Si j’ai migré pour des raisons professionnelles dans le 93, je n’y suis pas née. J’ai vécu dans des quartiers où « mixité sociale » et « vivre ensemble» avaient un sens et ce même si la radicalisation était visible.
Visible ne veut pas dire pesant.
Je faisais chaque soir une balade digestive la nuit tombée.
En déménageant j’ai arrêté. Mes vêtements ont changé. Je suis moins sortie ne pouvant rentrer qu’en taxi. J’ai fini par acheter une voiture. Pas du jour au lendemain mais petit à petit, je me suis mise au pas.

Il ne m’aura fallu que 6 km pour changer ma vision de la situation. Quand on vit dans un « nid » on a une autre approche des mots Liberté-Egalité-Fraternité car la République, on n’en fait plus vraiment partie.

N’est pas écervelé celui qui a une expérience de vie différente de la vôtre.

La presse internationale nous raille
C’est surtout la presse anglo-saxonne qui se moque ou crie au scandale.
Pour commencer, chaque pays a son histoire et un passé colonial (ou pas) et migratoire qui lui est propre.
Que les mêmes personnes défendent le port de la burqa et de la cagoule du KKK libre à elles mais je me refuse à les prendre pour références morales.

Une fois de plus c’est « l’occident » qui s’offusque quand « l’orient » cherche comment endiguer l’épidémie.

Il existe dans ces pays une pratique appelée le white flight. En gros c’est l’exode des blancs des grandes agglomérations. Cela a commencé à la fin de la ségrégation aux États-Unis et est très à la mode depuis   10 ans chez nos voisins britanniques. Elle est belle la tolérance !

En France, même si il existe une forme de gentrification elle est liée au revenus et non à la couleur de la peau ou à la religion.

Le droit de s’habiller comme on le souhaite
Alors là, je suis tout à fait d’accord !
Toute personne devrait être libre de porter ce qu’elle veut…
Pour ces femmes, le port du voile (tchador, burqa et niqab dans la même valise) ou du burkini est-il est DROIT ou un DEVOIR ?

S’agit-il d’une liberté vestimentaire découlant d’un acte réfléchi et du libre arbitre ou d’une contrainte imposé par un dogme patriarcal liberticide ?

Vous partez du présupposé que la femme est libre en France. Elle l’est en effet sur le papier, au regard de la loi et dans la grande majorité de nos esprits.
Mais ces femmes sont endoctrinées, conditionnées à ne pas être, à ne pas penser, à ne pas s’exprimer. Elles n’ont même pas accès aux textes, devant juste suivre le chemin déjà tracé sans poser de questions.
Nous sommes dans le même schéma que les victimes des sectes. Que reste-t-il  de notre libre arbitre après un soigneux lavage de cerveau et un reformatage ?
Quelle « liberté » aura une fillette voilée dès l’âge de 4 ans une fois devenue femme?

Combien de femmes voilées vivent seules, travaillent et sont indépendantes financièrement ?
Si elle n’appartient pas à son mari elle est alors à son père, son frère, son oncle ou même son fils.
Ici la loi ne s’applique pas car la seule loi reconnue est la jurisprudence religieuse.
Ces femmes n’ont pas de droits et encore moins de libertés.

La liberté de culte et de conscience
La liberté de culte et de conscience est un pilier de notre constitution laïque.
Il existe pourtant des lois limitant cette liberté.
Pour le caractère religieux on trouve des cadres qui permettent de qualifier certaines dérives sectaires.
En ce qui concerne la liberté de conscience elle ne doit pas aller à l’encontre des droits de l’homme.

Alors comment qualifier le salafisme ?
On a l’endoctrinement, la négation de tous droits à la moitié féminine de l’humanité, la destruction massive du patrimoine culturel ainsi qu’un nettoyage des incroyants et une conquête du monde…

Qu’il soit quiétiste ou djihadiste le fond est le même et j’ai beau être ouverte j’ai quand même du mal avec certaines idéologies.

Le danger d’interdire
Franchement, je n’ai pas la solution magique et même ma licorne, bénis soient ses sabots, ne saurait me guider.
Je vais donc raisonner par l’absurde :
Limiter la vitesse stimule les courses pour braver l’interdit… Et si on arrêtait de construire des bagnoles qui montent à 230 ?
Si interdire renforce les convictions du brimé, pourquoi interdire les idéologies néonazies au lieu de laisser couler ?
Certains proposent d’encadrer l’excision médicalement au lieu de l’interdire pour « sauver » ces fillettes qui risquent une surinfection dans le cadre d’une pratique clandestine et au nom de cette fameuse liberté de conscience.

Il y a des dangers à interdire et des dangers à laisser faire.
Je n’aime pas les restrictions et les interdits mais le droit à tout et n’importe quoi est un danger non seulement pour nous (en France) mais pour l’ensemble de l’humanité.
Ce n’est pas une histoire de vêtement, c’est une histoire d’idéologie.



2 commentaires:

  1. Il y a 2 jours, je me suis souvenu que Jhiadi Jones et tous les bourreaux de Daesh qui décapitaient au poignard des civils avaient une tenue de Ninja genre burikini. J'ai recherché des images et bingo! Le burkini est la copie conforme de la tunique ou uniforme que portaient les bourreaux de Daesh.

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