mercredi 31 août 2016

Les Jachères de la République



« Mais le combat est d’abord, et avant tout, politique, au sens le plus profond du mot, culturel, pour dire ce que nous n’acceptons pas, car cela met en danger la cohésion de la Nation. » - M. Valls.

Je partage cette vision depuis toujours mais est-ce vraiment le fond de votre pensée?
C’est au cœur de la cité que se trouvent les réponses.
De « polis » en grec nous tenons la politique. Du latin « civitas», la citoyenneté. Privées des langues anciennes, les futures générations l’ignoreront bientôt.
Au sens le plus profond du mot c’est l’ensemble des règles qui permettent à la cité de prospérer grâce à la cohésion de sa population.
C’est bien ce qu’il nous faudrait mais en avons-nous les moyens ? Pouvons-nous détruire ce que nous construisons depuis 60 ans ?
Car cette cité malade dans laquelle nous vivons est fabriquée de toutes pièces, née d’un idéal visionnaire de gens déconnectés de la réalité.

Je ne suis ni éclairée ni illuminée. Je suis juste une citoyenne de seconde zone sachant superposer des cartes et enfoncer des portes ouvertes.

Si nous associons tous l’intégrisme avec la cité de banlieue nous n’en voyons pas toujours les causes profondes et je souhaite revenir sur notre histoire récente. Cette analyse n’engage bien sûr que moi, simple fruit de mes observations.

C’est en regardant différentes cartes que j’ai commencé à creuser un peu plus.
D’abord celles de la répartition des foyers intégristes et des fameux « Grands Ensembles ». Puis celles du chômage, de l’échec scolaire, de la pauvreté, des conversions, de la violence, de l’extrême droite et des évangélistes pentecôtistes. Ce n’est pas un hasard si toutes révèlent les mêmes points noirs (certaines exceptions pour l’extrême droite qui est parfois en périphérie de ces zones).

La France est le seul pays d’Europe à avoir choisi massivement ce mode d’urbanisation, nos voisins préférant opter pour des immeubles bas et des cités jardins. Il se trouve aussi que la France détient le record européen du nombre de djihadistes sur son territoire.
Hasard ?
Je ne pense pas…

Nous sommes juste après la guerre et il faut reconstruire la France. Les infrastructures, les transports, les logements.

Notre pays était très en retard par rapport à ses voisins. A cette époque seules la moitié des habitations ont l’eau courante, 25% ont des toilettes et 10% une salle de bain. Alors au lieu de reconstruire on a décidé de construire tout court.
Il fallait aller vite et bien.
Les grands ensembles vont sortir de terre jusqu’au milieu des années 70.
De véritables villes en kit avec écoles, commerces et logements poussent comme des champignons en un temps record. On se rend très rapidement compte que ce n’est pas une bonne idée mais on continue quand même !
C’est qu’on a besoin de plus en plus de place. Après la guerre à réparer on entame les 30 glorieuses, on favorise l’immigration pour subvenir au manque de main d’œuvre, nous sommes en plein baby-boom, nous sommes en pleine décolonisation et nous assistons au dernier grand exode rural.

La France a faim de gigantisme. Des champs toujours plus grands avec le remembrement et des tours toujours plus hautes pour loger tous ces exilés.

Le rêve de la ville nouvelle est de courte durée. On a construit vite mais mal. Très vite les matériaux bas de gamme se dégradent. La joie d’avoir sa salle de bain est gâchée par les nuisances sonores et les courants d’air. L’offre des transports ne suit pas et les commerces ferment.

Ces villes ont été bâties en périphérie des grandes métropoles qui fournissent les emplois  et hors les murs des villages dont elles prendront le nom. Comme des clones elles n’ont ni âme ni Histoire. Quand on habite Sarcelles on n’est pas parisien et on n’est pas de Sarcelles quand on ne vient pas du « Village ».
Elles n’ont pas de passé et n’auront bientôt plus d’avenir.
On n’y vit pas, on y dort après une longue journée de travail et des heures de transports.
On travaille bien à l’école pour réussir et pouvoir un jour en partir.

Elle est là notre France Blacks-Blancs-Beurs. Elle est juive, chrétienne et musulmane. Elle est portugaise, arménienne, marocaine malienne et bretonne. Elle travaille de concert pour un pays plus fort et un avenir meilleur. Elle est ouvrière et non qualifiée. Elle envoie de l’argent au pays. Un jour elle rentrera chez elle ou alors elle aura « une situation »…
En attendant la terre promise, faute de loisirs et d’espaces verts on reste devant sa télé nouvellement acquise et on regarde défiler le reste du monde.

Et puis en 1974, le rêve se brise. C’est le choc pétrolier.
Les emplois  sont plus rares et les premières victimes sont ces gens qui ont tout laissé pour venir vivre ici. Dans le même temps le flot migratoire ne tarit pas mais il n’est plus économique. On ne quitte plus son pays pour y revenir riche plus tard. On quitte son pays pour ne pas y mourir sans savoir si on y retournera un jour.

Avec le chômage ils n’ont pas pu financer les études pour les enfants qui sont entre-temps devenus parents à leur tour.

Et le grand rêve se transforme en spirale de l’échec, en descente aux enfers.

Dans les années 90 la jeunesse est en colère.
Elle casse, vole, pille, insulte comme un enfant testerait les limites de ses parents mais la République est une mère démissionnaire.
Elle va bien punir un peu mais va délaisser son rôle d’éducatrice. Petit à petit les villes-nouvelles deviennent Cités Dortoirs puis des Zones Urbaines Sensibles et enfin des  quartiers prioritaires de la politique de la ville. On change de nom mais rien ne change vraiment et même si les élus rechignent à l’admettre ce sont surtout des zones de non-droit.
Des zones sans lois, sans repères et surtout sans espoirs. Elles sont devenues des jachères de la République où la notion «d’Égalité » n’a plus de sens.

Après 30 ans d’abandon les chiffres parlent d’eux-mêmes…
50% va abandonner l’école avant la fin du collège et n’aura aucune qualification ou diplôme.
45% des moins de 24 ans sont sans emploi (le double de la population nationale).
22% bénéficient de la CMU contre 7% pour le reste des français.
33% touchent les minima sociaux contre 18% ailleurs.
40% vivent sous le seuil de pauvreté.
5% d’entre eux seront cadre ou auront une profession libérale.
La mortalité périnatale y est 80% plus élevée !

Nous ne sommes pas à Soweto ou Jakarta… Nous sommes à moins de 10 km De Paris, Marseille, Roubaix et autres métropoles.

Ils vivent dans des villes sans passé et n’ont aucun avenir. Ils subissent leur vie comme dans les tragédies grecques en acceptant la fatalité. Ils ne voient du monde que ce que leur offrent BFMTV et Les Feux de l’Amour.

Les jachères sont des terres fertiles à qui prend la peine de les reprendre en main et ça, les prédicateurs de tous bords l’ont bien compris. Ils offrent des réponses quand les autres restent muets, ils donnent un sens à cette absurde vie sur terre faite de souffrances pour gravir les marches du salut et surtout, ils vont sur le terrain.
Ce compost explosif n’a pas de couleur. Il est le fruit de la pauvreté et de l’absence d’espoirs qui se décomposent.

Il est facile d’endoctriner des gens qui savent à peine lire et dont personne ne prend soin. La République leur reproche même de gagner trop avec toutes leurs « allocs »! Ils se raccrochent à n’importe quelle branche.
Ils s’abandonnent à une foi aveugle en un Allah vengeur, un Jésus vivant ou une vierge Marine.
Ces croyances sont archaïques et remplies de haines, mêlant vieilles pratiques animistes ou païennes à des morceaux de « vrais textes » détournés pour former de véritables dogmes. Elles sont volontairement détachées de tout modernisme afin d’être plus hermétiques. On ne discute pas  ce qu’on ne comprend pas.
Si certains glissent vers une version plus radicales de leurs convictions originelles on assiste à énormément de conversions vers l’Islam mais aussi les Pentecôtistes ou l’extrême droite. Ils profitent d’une population qui n’ira ni lire les textes ni vérifier les chiffres ou les sources.
Leur foi est aveugle et leur jugement altéré.

Ils ne sont pas idiots mais il est bien difficile de réfléchir quand on souffre (je vous invite à essayer de faire des sudoku pendant une rage de dents ou un accouchement). Une fois enrôlés quelqu’un pensera pour eux et ils vont y trouver un réel apaisement en plus de l’espoir d’un avenir meilleur, ici ou dans l’au-delà.

Alors oui, il faut faire quelque chose Monsieur Valls.
Il faut faire de la politique au sens profond comme vous dites et rattacher les 10% d’êtres qui survivent dans ces limbes parallèles à la République.
Il faut arrêter de laisser mourir socialement ces gens en les mettant au ban de la ville au sens large. Si des prédicateurs de bazar arrivent à convaincre en offrant du rêve, des énarques d’un des pays les plus riches de la planète devraient y arriver en offrant du concret. Non ?
C’est à vous d’aller réhabiliter vos jachères au lieu de culpabiliser les herbes devenues folles qui y poussent comme elles le peuvent.

lundi 29 août 2016

Assumons le débat sur le burkini par Manuel Valls

Le Conseil d’Etat s’est prononcé sur l’arrêté du maire de Villeneuve-Loubet interdisant les tenues qui manifestent, de manière ostensible, une appartenance religieuse. Il a jugé que la mairie n’avait pas établi le risque de trouble à l’ordre public et qu’elle avait par conséquent excédé ses pouvoirs.
Toute décision d’interdiction doit effectivement établir le risque d’atteinte à l’ordre public et être appliquée avec discernement – j’ai déjà eu l’occasion de le dire à plusieurs reprises. Mais, comme vient de le rappeler le ministre de l’Intérieur, le Conseil d’Etat « ne prive pas les maires de ce pouvoir ; il en rappelle à nouveau les conditions de son exercice, dans un cadre juridique conforme aux principes constitutionnels. »
Cependant, cette ordonnance du Conseil d’Etat n’épuise pas le débat qui s’est ouvert dans notre société sur la question du burkini. Ce débat n’est pas anodin. C’est un débat de fond, qui vient après d’autres : il y a trente ans, la question du foulard dans les écoles, puis la loi de 2004 sur le port de signes religieux, et celle de 2010 sur le voile intégral dans l’espace public.
Bien sûr, il ne faut pas être dupe de ceux, à droite et à l’extrême-droite, qui exploitent ce débat pour pointer du doigt les musulmans. Mais au-delà, une question fondamentale se pose : dénoncer cette tenue, est-ce stigmatiser les musulmans, ou bien est-ce justement le port de signes prosélytes de cette nature qui est un risque pour tous les musulmans de France, alors assimilés à l’islamisme politique militant ?
Je veux répondre clairement : dénoncer le burkini, ce n’est en aucun cas mettre en cause une liberté individuelle. Il n’y a pas de liberté qui enferme les femmes ! C’est dénoncer un islamisme mortifère, rétrograde. Une vision que je n’accepte pas au nom même de la place que l’Islam doit trouver dans notre société.
Car il faut faire une distinction très claire. C’est, je crois, la clé du débat.
Il y a, d’une part, cet islamisme politique, qui instrumentalise une religion, qui est le fait d’une minorité. Le burkini n’est pas un signe religieux, c’est l’affirmation dans l’espace public d’un islamisme politique.
Il y a, d’autre part, la très grande majorité des musulmans, qui savent bien que le burkini est l’alliance improbable entre le mot bikini et le mot burqa – un mot qui dit bien ce qu’il veut dire !
Ces Français musulmans savent qu’ils sont une part de la culture française. Qu’ils soient pratiquants ou non, ils forment une composante essentielle de la France. Cette composante s’est diversifiée, profondément mêlée à toutes les autres composantes de notre société, à la suite de mariages mixtes, de combats politiques, sociaux, à la suite d’engagements pour la France, dans la guerre et dans la vie quotidienne. C’est une chance, il faut le redire.
Une fois cette distinction faite, la question se pose de ce qu’il faut faire, face au burkini, face aux manifestations d’un islamisme politique.
Le combat est juridique, chaque fois qu’un risque de trouble à l’ordre public sera établi. Mais le combat est d’abord, et avant tout, politique, au sens le plus profond du mot, culturel, pour dire ce que nous n’acceptons pas, car cela met en danger la cohésion de la Nation.
Le silence serait sans doute plus confortable, pour ne pas risquer les généralisations, pour ne pas aviver des plaies ouvertes au sein de la société française. Mais rester silencieux, comme par le passé, c’est un petit renoncement. Une démission de plus. Petit à petit, c’est alors notre pacte républicain qui se fissure sous le poids des communautarismes et des réflexes xénophobes qu’ils engendrent.
Les Français, tous les Français, et les musulmans eux-mêmes, attendent un regard lucide, des réponses claires.
Ils attendent qu’un Islam de son temps, revendiquant pleinement les valeurs de la République, l’emporte. Et c’est en premier lieu aux musulmans de France de le construire, de mener ce combat culturel. Ils sont les premiers confrontés à la violence du message salafiste, radical.
L’Etat est là pour accompagner et protéger les musulmans de France. Il doit être implacable face aux actes anti-musulmans, comme il doit être implacable face aux actes antisémites, anti-chrétiens ou racistes.
Avec le ministre de l’Intérieur, nous avons voulu relancer la construction d’un Islam de France, apaisé, indépendant des influences étrangères. Bernard Cazeneuve fera des propositions ce lundi.
L’Etat est là pour réaffirmer ce qui fait, depuis plus d’un siècle, la condition de notre vie en société : la laïcité. Elle n’est pas la négation du fait religieux. Elle n’est pas un instrument pour viser ou exclure une religion en particulier. Je n’accepte pas ceux qui utilisent l’argument de la laïcité pour pointer du doigt les Français musulmans. Elle est ce socle républicain qui accueille chacun en son sein, quelle que soit sa culture, quelle que soit son histoire. Elle est cette liberté moderne, émancipatrice, qui consiste à tirer une ligne nette entre ce qui relève du temporel et des choix spirituels de chacun. La laïcité, c’est la liberté de croire ou de ne pas croire. Mais c’est l’exigence, aussi, de ne jamais imposer ses croyances ou ses pratiques à l’autre. Cet équilibre, la France a su le construire. C’est sa singularité. C’est pour cela, d’ailleurs, qu’elle est visée. Cet équilibre, c’est une part de notre identité. Nous devons tous le défendre.
 
Manuel Valls
 

samedi 27 août 2016

Billet d'humeur... Droit de réponse



Mon billet d’humeur sur le burkini a provoqué de très nombreuses réactions.

J’ai souhaité faire une compilation des commentaires les plus fréquents et m’offrir un droit de réponse.

Pour commencer faisons un point sur l’origine des commentaires.
Cet article ne portait pas tant sur pour ou contre le « maillot océanique » mais sur le port du voile intégral en général, la progression d’une forme d’Islam et de l’ambiance qui en découle pour les femmes de manière globale et en France en particulier.
Si beaucoup de femmes défendent le port du burkini comme étant une liberté je regrette de ne pas avoir eu de retour des principales intéressées. J’ai même proposé à des femmes voilées de s’exprimer librement sur leurs motivations (proposition qui tient toujours) mais c’est resté lettre morte.
De manière large, celles qui s’insurgent sur une éventuelle réglementation sont des femmes non voilées et surtout non musulmanes !!!
Les femmes musulmanes qui ont posté un témoignage assimilent le maillot à la burqa (même si le visage est découvert) et y voient une régression. Dans ces femmes certaines sont pourtant pratiquantes et se voilent les cheveux tout en portant une tenue occidentale.

Du côté des hommes c’est l’inverse et on retrouve plus de musulmans pour nous parler de cette fameuse pudeur. Ces mêmes hommes qui se ne gênent pas pour venir me proposer la botte en privé par messagerie…

Je vous livre les principaux « arguments » trouvés et y répondrai par la suite.

-          Islamophobe
-          Tout ça pour un bout de tissu
-          Occidentale écervelée
-          La presse internationale nous raille
-          Le droit de s’habiller comme on le souhaite
-          La liberté de culte et de conscience
-          Le danger d’interdire

On retrouve également des mots brandis comme des étendards : stigmatisation, amalgame, victimisation, liberticide, laïcité, propagande, féminisme…

Si j’exprimais un simple ressenti et un constat personnel dans mon billet je vais donc tenter ici de creuser un peu plus.
Pour autant je n’ai pas la prétention d’être historienne, géopolitologue ou sociologue et ces quelques lignes ne sont que le résultat de mes observations, recherches et cogitations.

                Islamophobe
Pour commencer il serait bon de trouver un autre mot car je n’ai rien contre l’Islam.
Traitez-moi de wahhabitophobe, salafistophobe ou sectophobe si vous voulez mais arrêtez de mélanger les serpillères et les serviettes en mettant tous les musulmans (voire les « arabes ») dans la même barque ! Pour le coup c’est vous qui êtes sacrément réducteurs et faites des amalgames.
Non, je ne mélange pas les millions de pratiquants d’une religion avec les partisans d’un mouvement sectaire et prosélyte. Je dénigre de la même façon les témoins de Jéhovah, les scientologues et tous les gourous en chasse de proies faciles. Je vous invite à vous pencher sur le dogme et les pratiques de ces fanatiques « salaf » et vous comprendrez (peut-être) pourquoi je tiens tant à marquer une différence.

Je vous laisse un exemple simple à comprendre. L’horreur du nazisme ne m’a pas rendue germanophobe.

Tout ça pour un bout de tissu
Un bout de tissu n’en n’est plus un lorsqu’il est un symbole et est le véhicule d’une idéologie.
Si le burkini était une tradition musulmane ou culturelle je pense qu’on en aurait vu avant les années 2000. Je trouve d’ailleurs le mot mal choisi puisqu’il dévoile le visage. Tchadorkini serait plus approprié à mon sens mais c’est p’tet moins marketing !

Dans les faits, c’est effectivement un bout de tissu comme une chemise brune est un morceau d’étoffe. Aucune loi ne vous interdit de porter une chemise brune mais l’uniforme SS oui ! Personne ne vous empêche de brandir un drapeau mais le drapeau nazi si ! Pourtant ce sont de simples bouts de tissu mais tout le monde identifie immédiatement l’idéologie véhiculée. La loi interdit et condamne même si ce n’est que l’expression d’une liberté de conscience et un simple vêtement. Il y a donc une limite à cette fameuse liberté de conscience (et heureusement).
Le problème est peut-être un manque d’informations quant au message laissé par une « simple » tenue de bain ou un « simple» tchador…

Bref, l’argument du déguisement de bain est d’avoir une vertu libératrice pour les femmes et de leur offrir un accès à la plage ou la piscine. En suivant cette logique un otage qui a un bout de cour pour prendre l’air est traité humainement. Ne condamnons plus ceux qui séquestrent mais laissons des plages horaires « yeux fermés » pour qu’ils puissent aérer leurs victimes… C’est plus humain, non ?

Occidentale écervelée
J’avoue que cette remarque me plait particulièrement !
Tout d’abord car « écervelée », comme « nunuche », sont des adjectifs particulièrement sexués que l’on croise 9 fois sur 10 pour qualifier des femmes.
Ensuite parce que la réflexion est faite… par des occidentaux !
Des occidentaux faisant en grande majorité de csp supérieures et ne vivant pas dans des zones fortement radicalisées, donc ne comprenant pas le quotidien de ceux qui y sont confrontés.

Je suis comme vous occidentale mais pas plus écervelée que vous. Simplement nous n’habitons pas les mêmes quartiers et n’avons donc pas la même perception de ce qui se passe.  Si j’ai migré pour des raisons professionnelles dans le 93, je n’y suis pas née. J’ai vécu dans des quartiers où « mixité sociale » et « vivre ensemble» avaient un sens et ce même si la radicalisation était visible.
Visible ne veut pas dire pesant.
Je faisais chaque soir une balade digestive la nuit tombée.
En déménageant j’ai arrêté. Mes vêtements ont changé. Je suis moins sortie ne pouvant rentrer qu’en taxi. J’ai fini par acheter une voiture. Pas du jour au lendemain mais petit à petit, je me suis mise au pas.

Il ne m’aura fallu que 6 km pour changer ma vision de la situation. Quand on vit dans un « nid » on a une autre approche des mots Liberté-Egalité-Fraternité car la République, on n’en fait plus vraiment partie.

N’est pas écervelé celui qui a une expérience de vie différente de la vôtre.

La presse internationale nous raille
C’est surtout la presse anglo-saxonne qui se moque ou crie au scandale.
Pour commencer, chaque pays a son histoire et un passé colonial (ou pas) et migratoire qui lui est propre.
Que les mêmes personnes défendent le port de la burqa et de la cagoule du KKK libre à elles mais je me refuse à les prendre pour références morales.

Une fois de plus c’est « l’occident » qui s’offusque quand « l’orient » cherche comment endiguer l’épidémie.

Il existe dans ces pays une pratique appelée le white flight. En gros c’est l’exode des blancs des grandes agglomérations. Cela a commencé à la fin de la ségrégation aux États-Unis et est très à la mode depuis   10 ans chez nos voisins britanniques. Elle est belle la tolérance !

En France, même si il existe une forme de gentrification elle est liée au revenus et non à la couleur de la peau ou à la religion.

Le droit de s’habiller comme on le souhaite
Alors là, je suis tout à fait d’accord !
Toute personne devrait être libre de porter ce qu’elle veut…
Pour ces femmes, le port du voile (tchador, burqa et niqab dans la même valise) ou du burkini est-il est DROIT ou un DEVOIR ?

S’agit-il d’une liberté vestimentaire découlant d’un acte réfléchi et du libre arbitre ou d’une contrainte imposé par un dogme patriarcal liberticide ?

Vous partez du présupposé que la femme est libre en France. Elle l’est en effet sur le papier, au regard de la loi et dans la grande majorité de nos esprits.
Mais ces femmes sont endoctrinées, conditionnées à ne pas être, à ne pas penser, à ne pas s’exprimer. Elles n’ont même pas accès aux textes, devant juste suivre le chemin déjà tracé sans poser de questions.
Nous sommes dans le même schéma que les victimes des sectes. Que reste-t-il  de notre libre arbitre après un soigneux lavage de cerveau et un reformatage ?
Quelle « liberté » aura une fillette voilée dès l’âge de 4 ans une fois devenue femme?

Combien de femmes voilées vivent seules, travaillent et sont indépendantes financièrement ?
Si elle n’appartient pas à son mari elle est alors à son père, son frère, son oncle ou même son fils.
Ici la loi ne s’applique pas car la seule loi reconnue est la jurisprudence religieuse.
Ces femmes n’ont pas de droits et encore moins de libertés.

La liberté de culte et de conscience
La liberté de culte et de conscience est un pilier de notre constitution laïque.
Il existe pourtant des lois limitant cette liberté.
Pour le caractère religieux on trouve des cadres qui permettent de qualifier certaines dérives sectaires.
En ce qui concerne la liberté de conscience elle ne doit pas aller à l’encontre des droits de l’homme.

Alors comment qualifier le salafisme ?
On a l’endoctrinement, la négation de tous droits à la moitié féminine de l’humanité, la destruction massive du patrimoine culturel ainsi qu’un nettoyage des incroyants et une conquête du monde…

Qu’il soit quiétiste ou djihadiste le fond est le même et j’ai beau être ouverte j’ai quand même du mal avec certaines idéologies.

Le danger d’interdire
Franchement, je n’ai pas la solution magique et même ma licorne, bénis soient ses sabots, ne saurait me guider.
Je vais donc raisonner par l’absurde :
Limiter la vitesse stimule les courses pour braver l’interdit… Et si on arrêtait de construire des bagnoles qui montent à 230 ?
Si interdire renforce les convictions du brimé, pourquoi interdire les idéologies néonazies au lieu de laisser couler ?
Certains proposent d’encadrer l’excision médicalement au lieu de l’interdire pour « sauver » ces fillettes qui risquent une surinfection dans le cadre d’une pratique clandestine et au nom de cette fameuse liberté de conscience.

Il y a des dangers à interdire et des dangers à laisser faire.
Je n’aime pas les restrictions et les interdits mais le droit à tout et n’importe quoi est un danger non seulement pour nous (en France) mais pour l’ensemble de l’humanité.
Ce n’est pas une histoire de vêtement, c’est une histoire d’idéologie.



samedi 20 août 2016

Burqa plage!

Chacun a la liberté de montrer ou de dissimuler son corps, mais quand on va à la plage on n’y va pas en djellaba. Il faut être vicieux et pervers pour penser que couvrir un corps d’une femme c’est le protéger des regards concupiscents.
Cela fait quelques années que nous assistons, l’été, à un phénomène bizarre. Des femmes, accompagnées ou non par leur époux ou leurs enfants, nagent toutes habillées dans la mer ou même dans certaines piscines. Je sais qu’on leur a dit qu’une femme respectable ne se mettait pas en maillot. La question qui me vient à l’esprit est: l’est-elle quand elle sort de la mer, ses habits collant sur sa peau et mettant en valeur les formes qu’elle ne voulait pas montrer ?

Chacun a la liberté de montrer ou de dissimuler son corps, mais quand on va à la plage on n’y va pas en djellaba. Il faut être vicieux et pervers pour penser que couvrir un corps d’une femme c’est le protéger des regards concupiscents. Le ridicule le dispute à la bêtise.

Quand il fait chaud et que l’envie de plonger dans les vagues se fait sentir, il est normal de se déshabiller, de porter un maillot de bain et d’aller se rafraîchir dans la mer. Ce que les hommes n’hésitent pas à faire. Ainsi que de fois n’ai je vu des hommes en maillot de bain prendre du bon temps à la plage pendant que leur épouse, leur mère ou leur sœur souffraient dans la chaleur de l’été, enveloppées dans des vêtements noirs qui les étouffaient en plus. Ce n’est ni hygiénique, ni esthétique, ni moral.

Certains prétendent qu’ils font cela pour respecter les préceptes de l’islam. Non, cela n’a rien à voir avec la religion. La décence est une question d’éthique. Or on constate que ce qui travaille en profondeur les fanatiques c’est la question sexuelle. Tout tourne autour du sexe de la femme. Le corps de la femme. L’âme de la femme. L’ombre de la femme. Le parfum de la femme. L’idée de la femme. Le reste n’est que bavardage enrobé de religiosité mal comprise.

Cet été, des casseurs du tourisme au Maroc ont essayé de faire interdire le bikini à la plage pour les touristes. Heureusement qu’ils n’ont été suivis par aucune autorité officielle. Mais leur stupidité a été postée sur le Net et a fait le tour du monde, ce qui a certainement dû décourager de braves touristes étrangères de venir à Agadir par exemple. Déjà on a du mal à attirer des clients et surtout à les faire revenir, (le Maroc a été très mal noté pour ce qui est du service et du suivi en matière hôtelière), alors n’inventons pas des épouvantails hideux et nauséabonds pour les repousser définitivement.

Il suffit d’une initiative de ce genre pour tuer l’industrie touristique du pays. Ce que Daech n’a pas réussi à faire chez nous, des Marocains frustrés sexuels ont osé le faire: faire  fuir les étrangers et répandre une très mauvaise image de notre pays.

Il est temps que le gouvernement réagisse à cette nouvelle dictature de l’ignorance, de la frustration et de la bêtise. Sur une plage à Tanger, des voyous munis de sabres et poignards ont fait la semaine dernière la chasse aux baigneuses non habillées. Attention ça commence par un harcèlement de ce genre et ça se termine avec une bombe dans une piscine ou dans un café. Il faut que les services de sécurité prennent au sérieux ces agitations dangereuses et garantissent la sécurité et la liberté de l’individu, homme ou femme.

Par Tahar Ben Jelloun

 http://fr.le360.ma/blog/le-coup-de-gueule/burqa-plage

 

Ni pute ni soumise... Billet d’humeur sur le burkini.

J’ai la chance de vivre dans un pays où les femmes ont encore de le droit de s’exprimer librement alors je vais en profiter.

Depuis quelques jour fleurissent des polémiques quant au port du burkini, que ce soit à la plage ou en piscine.

Mais c’est quoi un burkini?
C’est une version aquatique de la burqa ou du niqab, c’est à dire un vêtement qui cache l’intégralité du corps sauf les mains et les pieds. Par contre, même si la chevelure est voilée on voit très bien le visage (ce qui n’est pas le cas du costume terrestre).
Le but est de permettre aux femmes portant le voile intégral de profiter des joies de la baignade.
Loin d’être une tradition ancestrale cette innovation vestimentaire date de 2007 donc il va falloir s’armer de patience pour trouver quelque chose dans le coran!

Critiquer le port du burkini est-il islamophobe?
Je vais retourner la question et demander si les musulmanes qui vivent non voilées, parlent aux hommes et se mettent en maillot sont pour autant des mécréantes... c’est quand même la grande majorité.

Le burkini, comme sa grande soeur la burqa, n’est en rien un symbole de l’islam. Nulle part il n’est indiqué dans le texte fondateur que la femme doit vivre le corps entièrement caché dans une prison de coton.
Le coran ne parle ni de masque ni de pudeur mais de modestie et on retrouve cette notion dans les textes des 3 grandes religions monothéistes. Etre modeste et simple pour ne par susciter l’envie et la jalousie.
Modestie?
C’est marrant parce que justement modesty en anglais peut se traduire également par pudeur!
Du coup ça donne être pudique pour ne pas provoquer le désir et l’envie! Les mots sont proches mais la signification bien différente.

Je n’ai rien contre l’islam mais j’ai par contre une dent contre les salafistes et autres extrémistes qui prônent l’asservissement de la femme. Cette tradition au départ afghane se répand d’année en année et est le symbole d’une mise à mort des droits des femmes.

Dans les pays ou elle est obligatoire, la burqa n’est que la partie émergée de l’iceberg...
Une femme violée sera condamnée soit pour adultère, soit pour rapport hors mariage. Elles n’ont plus de compte en banque, plus le droit au divorce, plus le droit de conduire, plus le droit de parler, plus le droit de travailler...
Elles ont officiellement esclaves puisque propriété de leur père puis de leur époux qui ont d’ailleurs droit de vie et de mort sur elles.

A une époque pas si lointaine les femmes afghanes portaient fièrement la jupe courte et l’Iran était le pays avec le plus grand nombre de femmes ayant des postes à responsabilités et ayant le plus haut niveau d’études.

Mais en quoi ça me concerne le burkini?
Car je suis contre toute discrimination, même positive.
Je me suis vu refuser l’entrée de piscine, malgré un certificat médical, pour nager en combinaison qui me protège du froid.
Quelqu’un peut m’expliquer la différence visuelle entre une combi et un burkini??? En matière d’hygiène?
Une autre fois refus d’accès au bord du bassin en short et t-shirt mais burkini largement répandu.
En quoi un short de bain est moins hygiénique?

Bref au pays des droits de l’homme (et normalement aussi de la femme), les islamistes (et non les musulmans) ont plus de droits que les autres. J’ai croisé de nombreuses femmes en burqa, le visage voilé, dans les grandes surfaces. Vous avez déjà essayé de rentrer quelque part avec un casque intégral, une cagoule fermée ou un masque de mickey? Dans les 30 secondes vous avez tous les vigiles sur le dos! Je ne peux pas concevoir que d’appartenir à une religion permettent d’avoir des droits différents ou d’être au-dessus de celle du pays.

Vous allez me répondre que pouvoir nager en combi ou faire ses courses déguisée en catwoman ça reste anecdotique mais c’est tout mon quotidien qui est en train de changer doucement.

Dans certains endroits le voile intégral est passé de marginal à omniprésent en l’espace de 15 ans.
Il est difficile de se faire une idée quand on habite le 13ème ou la Creuse.
Je n’ai rien contre le vêtement en lui-même mais contre ce qu’il véhicule.

Sur une plage Corse une femme au seins nus se fait caillasser et en partant bosser en tailleur, jupe au genou, je me suis fait cracher dessus et traiter de pute. En primaire on me demande d’éviter les robes pour ma fille.

Car chez les islamistes il semble n’y avoir que 2 sortes de femmes, les putes ou les soumises.

En l’espace de 15 ans le corps de la femme est devenu tabou et le harcèlement de rue banal. Je veux bien m’être bonifiée avec le temps mais je me fais plus emmerder à 44 ans qu’à 20 ans!
J’ai pourtant traversé Paris et sa banlieue à toutes heures et dans des tenues vraiment courtes sans jamais être ennuyée. J’ai dansé topless sur des comptoirs dans la bonne humeur et sans grivoiserie. J’ai dormi saoule sur des bancs parisiens en shorts et bas résilles sans un geste déplacé.

J’étais libre de m’habiller comme bon me semble et pas obligée de me changer en arrivant en soirée.

Il est devenu suicidaire de se promener seule en robe légère dans certains quartiers et le français pur souche n’est pas en reste, cautionnant même le viol pour celles qui l’ont “bien cherché”.

Regardez les albums de familles.
Regardez les tenues de vos mères. les jupes mi-cuisses, les hauts moulants, les bottes, les talons hauts.

Depuis 15 ans, les jupes rallongent, les collants s’opacifient, les pulls sont plus larges, les décolletés moins profonds et les chemises se transforment en tuniques...
A 44 ans ont me conseille d’éviter les jeans trop moulants et on qualifie ce top à bretelles que j’ai depuis 20 ans de “super sexy”. Je ne suis pas plus belle qu’avant, j’ai le même corps... C’est le regard des autres qui change. Un regard qui juge.

On assiste à une explosion de la pornographie sur nos écrans mais la femme de la rue doit abdiquer de son corps pour devenir invisible. La femme indépendante semble avoir fait sont temps et devoir laisser la place à un nouvel idéal de mère au foyer. Je vis libre et j’entends dire que ce n’est pas “normal”. Une femme “doit” vivre avec l’homme qui partage sont lit.

J’ai 44 ans et je ne suis ni pute ni soumise. Des femmes et des hommes se sont battus pour que je puisse avoir le choix.

Alors oui, la burqa (et ses dérivés) me concerne car plus elle progresse, plus ma liberté de femme recule. Ici c’est un choix provocateur, dans d’autres pays c’est une contrainte qui mène à une mort sociale et la négation du libre arbitre, des droits et de la femme.